La correspondance entre Laurine Rousselet et Bernard Noël nous fait entendre deux voix poétiques qui, à deux générations de distance, au-delà du vécu et de la renommée, ancrent leurs échanges dans les tonalités de l’amitié, parfois aussi de la tendresse, sur leur perception d’Antonin Artaud. Avec ce dernier nous effectuons un nouveau saut générationnel, si bien que l’espace parcouru dans ces lettres émouvantes et instructives, qui sont en réalité des documents de travail, nous conduit à savourer avec gratitude l’impact que peut avoir la poésie sur les sentiments et les destinées au-delà de la distance temporelle et de la mort. Dans ce dialogue épistolaire entre deux poètes, se libère une interrogation sismique, libre, sur les nouvelles formes de pensée auxquelles nous conviait l’auteur du Pèse-nerfs et de Voyage au pays des Tarahumaras. En questionnant leurs rapports à l’écriture, Bernard Noël et Laurine Rousselet parviennent à faire revivre Antonin Artaud et se tiennent au plus près du jaillissement de son écrire-dessiner.